En octobre 1868, Zélie,
épuisée par ses maternités succéssives,
et son travail de dentellière, envoie ses deux grandes filles,
Marie et Pauline à la Visitation du Mans, où leur tante
Elise (la soeur de Zélie) est religieuse sous le nom de Soeur
Marie Dosithée.
Leur scolarité semble se passer à merveille et les deux
soeurs se plaisent à la Visitation, tandis qu'à Alençon,
Zélie et Louis doivent à nouveau subir l'épreuve
d'une la perte d'une de leurs enfants avec la mort de la petite Héléne
au cours de l'hiver 1870, puis celle de la petite Mélanie Thérèse
le 8 octobre 1870 alors qu'elle n'avait que deux mois.
Pauline et Marie sont
bloquées à ma visitation à cause de la guerre franco-allemande,
les trains sont réquisitionnés mais Zélie sait
que Soeur Marie Dosithée prendra soin d'elles.
Pauline est bonne éléve,
studieuse et intelligente, et trés pieuse.
Elle fait sa premiére
communion le 2 juillet 1872 et pense pour la premiére fois à
devenir religieuse. A l'adolescence, Pauline est de taille plutot
petite et souffre de maux de tête et de malaises. Elle reste cependant
studieuse et bonne éléve, moins douée en arithmétique.
En 1875, Marie a terminé ses études et va aider Zélie
dans les tâches domestiques, Pauline retourne seule à la
visitation. Elle correspondra beaucoup avec Zélie dont elle est
un peu la préférée.
En 1876, Pauline souffre
toujours de maux de tête. Marie fait une retraite à la
Visitation et Zélie découvre qu'elle a une tumeur fibreuse
au sein. La santé de Soeur Marie Dosithée est inquiétante.Le
24 frévrier, elle meurt et Pauline, déjà trés
peinée, la prie de guérir sa mére de son mal. c'est
également dans ce but qu'elle part en pélerinage à
Lourdes le 18 juin, avec Zélie, Marie et Léonie, mais
sans succés. l'état de Zélie empire, et peu avant
de mourir, elle dit à Pauline:"Ô ma Pauline! tu es
mon trésor, je sais bien que tu seras religieuse!".. Le
28 aout, Zélie meurt à 46 ans, et Thérèse
choisit Pauline comme nouvelle maman.
Le 15 novembre 1877, la famille
s'installe à Lisieux, aux Buisonnets. Pauline sert de "guide
spirituel" à ses plus jeunes soeurs. Thérèse
dira d'elle:" Pauline recevait mes confidences les plus intimes.
Elle éclairait tous mes doutes."
C'est Pauline qui prépare
Céline à sa premiére communion. Le soir, elle lit
l' "année liturgique" de Dom Guéranger, influence
importante dans sa vie spirituelle.
à 20 ans elle décide
de réaliser son projet de devenir religieuse, mais elle apprend
qu'il faut avoir 22 ou 23 ans pour entrer à la visitation. Elle
pense alors au Carmel: "Je n'avais jamais pensé au
Carmel, et voila qu'en un instant, voila que je m'y trouvais poussée
par un attrait irrésistible."
Thérèse surprend
un conversation et comprend que Pauline va partir. Elle se sent à
nouveau abandonnée par sa nouvelle maman. L'entrée de
Pauline au Carmel de Lisieux est prévue pour le 2 octobre 1882
qui sera pour Thérèse un "Jour de larmes et
de bénédictions". pauline comprend aprés
coup le chagrin qu'elle a causé à sa jeune soeur. Le jeudi
est le jour du parloir pour la famille, mais Thérèse qui
n'a pas assez de temps et d'intimité avec sa grande soeur souffre
de la séparation. "Pauline est perdue pour moi".
à ce chagrin viennent se greffer les souvenirs de Zélie,
que l'oncle guerrin évoque un soir: c'est trop de douleur pour
Thérèse qui tombe malade de son "étrange maladie"
que seul le sourire de la vierge saura apaiser.
Pauline garde des contacts
avec sa petite soeur en la préparant à sa premiére
communion, grâce à de nombreuses lettre, tandis qu'elle
même se prépare à prononcer ses voeux. les deux
événements auront lieu le même jour, au mois le
8 mai 1884.
Le 15 octobre 1886, jour
de la fête de Sainte Thérèse d'Avilla, les priéres
de Pauline sont exaucées puisque Marie la rejoint au
Carmel devenant Soeur Marie du Sacré-Coeur. Thérèse
pense à son tour au Carmel qu'elle rejoint enfin le 9 avril 1888.
Pauline a maintenant 27 ans, elle a passé six ans au Carmel.
Sa spiritualisté est un peu austére, adoucie cependant
par l'influence Salésienne que lui a apporté la Visitation
du Mans.
C'est
bientot le tour de Céline de parler à Monsieur Martin
de sa vocation.
Environ un mois aprés
la prise d'habit de Thérèse, Monsieur Martin tombe malade,
on est forcé de l'interner au bon Sauveur de Caen. c'est une
terrible épreuve pour lui et ses filles.
Noel 1889 est triste: les
Buissonnets ne sont plus le nid des Martin, les meubles sont dispersés,
vendus. l'état de Monsieur Martin empire.
Mére Geneviève
meurt à 87 ans. Elle était la fondatrice du Carmel.Pendant
cet hiver 1892, une terrible épidémie d'influenza fait
des ravages dans la france entiére et au Carmel où beaucoup
de soeurs sont contraintes de garder le lit, sauf Marie et Thérèse
qui vient d'avoir 19 ans.
Le 20 février 1893,
on procéde à des éléctions pour la charge
de prieure. Avant de mourir, Mère Geneviève avait discrétement
proposé Soeur Agnés. Elle est élue. Selon la coutume,
elle nomme l'ancienne prieure, Marie de Gonzague maîtresse des
novices, mais elle demande à Thérèse de la seconder
dans cette tâche.
A partir de juin 1894; la
santé de Monsieur Martin décline, il meurt à
La Musse en juillet, c'est Céline qui lui fermeles yeux.
Au Carmel, Pauline doit affronter
d'autres problémes, comme ses rapports avec Marie de Gonzague,
qui aurait souhaité la garder sous sa domination
pour continuer à exercer son pouvoir sur le Carmel.
Céline demande à
son tour à entrer au Carmel de Lisieux et ce sera chose
faite le 14 septembre 1894. c'est la premiére fois depuis la
fondation de cet ordre que quatre soeurs sont religieuses dans le même
Carmel.
Au cours des récréations
de l'hiver 1894-1895, Thérèse raconte ses souvenirs
d'enfance. Mére Marie du Sacré Coeur parvient à
convaincre Mère Agnés de Jésus d'ordonner à
Thérèse de continuer ce récit par écrit.
Ainsi naquit l' "histoire d'une âme".
Mère Agnés
approuvera également l' "acte d'offrande",
non sans avoir soumis le texte à des supérieurs.
le 20 Janvier, Thérèse,
à genoux devant Pauline, lui remet le cahier où elle
a écrit ses souvenirs. La prieure le range dans un tiroir et
ne le lira que des mois plus tard.
octobre Le 17 octobre
1895, mére Agnés confie à Thérèse
la tâche de correspondre avec l'abbé Bellière, qui
avait souhaité qu'une soeur prie pour l'aider à devenir
un bon missionnaire. Thérèse est ravie: elle aurait toujours
aimé avoir un frére prêtre. En mai 1896, on lui
donne un second frére spirituel, le Père Rouland.
Le pére Roulland L'abbé Maurice Belliére
à partir de 1896,
Pauline devient peu à peu la disciple de Thérèse
qui la remet souvent sur la bonne voie. Le soir du jeudi Saint 1896,
les premiers signes de la tuberculose apparaissent chez Thérèse.
à partir de décembre,
Soeur Agnés entreprend de dater les billets que lui
envoie Thérèse, alors que Mére Marie de Gonzague
ne l'a pas informée de la gravité de l'état de
sa soeur, comme si elle savait déjà.
En 1897, Soeur Agnés
assiste avec tendresse et attention à la maladie de thérèse.
Dés le mois d'avril, elle transcrit par écrit presque
chaque jour les paroles de Thérèse (publiées sous
le titre de "derniers Entretiens") dans le "carnet jaune",
jusqu'au 30 septembre date de la mort de la Sainte.
Le 8 octobre 1897, l'A
bbé
Youf, aumonier du Carmel meurt, et Pauline en est trés
affectée.
l'Abbé Youf
Aprés la mort de Thérèse,
les manuscrits sont publiés, avec les corrections de mère
Agnés et connurent l'immense succés que l'on sait.
On lui a beaucoup reproché et peut étre à juste
titre les modifications qu'elle apporta, rendant
le texte moins fort, plus miévre, en changeant parfois le sens
profond. Aujourd'hui, avec le recul et les nombreuses édutes
dont nous disposons sur le sens des paroles de Thérèse,
il nous est facile de comprendre que c'était une erreur, cependant
je trouve injuste de condamner si durement Pauline, qui était
toute empreinte de la spiritualisté que lui avait inculqué
Zélie, dont elle était trés proche. Elle a probablement
agi avec les meilleures intentions, ne comprenant pas toujours la pensée
de Thérèse, si nouvelle. Au cours des procés, elle
dut restituer les textes originaux, mais jusqu'à sa mort, l'
"histoire d'une âme" continua à étre publiée
avec ses modifications.
Plus
tard, les textes originaux nous furent restitués, fort heureusement.
En 1902, elle est élue
prieure pour le seconde fois. Un an plus tard, elle peut aller s'agenouiller
sur la tombe de Thérèse et à l'occasion d'un voyage
à Caen revoir Léone qu'elle trouve radieuse.
Bientot, Mére Marie
de Gonzague souffre dun cancer de la langue et meurt le 17 décembre
1904.
l' "histoire d'une âme"
connait un succés grandissant et l'on parle dans le journal l'
"Univers" d'une possible canonisation. Pie X anticipe
en parlant de "la plus grande sainte des temps modernes".
Alors que commence le "procés",
Mére agnés qui a 50 ans, travaille sans relache et
répond aux trés nombreuses lettres qui arrivent du monde
entier.
Mére Agnés
est interrogée du 12 au 19 aout 1902 par les juges du diocése
de Bayeux. Elle a tout prépéré par écrit.
Elle y lit le texte intégral de l'acte d'offrande et souligne
que toutes les postulantes sont entrés au Carmel à
cause de Thérèse.
"regarde ce qu"on a fait de moi! Ce n'est guerre naturel. Car je ne jette pas ainsi mes lettres par terre." (dans une lettre à Léonie)
Benoit XV succéde à Pie X.. le 17 novembre 1917, les actes du porcés arrivent à Rome.Ce segond procés s'est déroulé pendant la guerre 1914-1918. Pauline écrit: "On nous demande par la Suisse, des reliques pour les Allemands. Nous en envoyons volontiers car, devant Dieu, les âmes ne sont ni françaises ni Allemandes. Les unes et les autres sont précieuses aux yeux de Dieu." En 1917 a lieu la seconde exhumation des restes de Thérèse. Le 22 janvier 1922, le Pape Benoit XV meurt, Pie XI lui succéde."Prés de la châsse , et de l'autel,
L'enscensoir, le lys et la rose
Exhalaient en vapeurs du Ciel
Mille senteurs d'Apothéose;
Mais la bonne odeur de Jésus
Que sut répendre ici Thérèse,
est un parfum bien au dessus,
Je veux le respirer sans cesse."
(extrait d'une poésie de Mére Agnés: "Ce que j'ai vu")